[Chronique n°10: Musique] Micah P. Hinson ~ .. And The Pioneer Saboteurs

Publié le par Draz & Kronikator

Après cette première longue partie du dossier sur les Libertines, Kronikator reprend les choses en main et vous propose une chronique qui lui avait été réclamée par un jeune fennec. Il aura fallu le temps mais la voilà. Chose promise, chose due, les mains en l'air!
Draz
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Le nom de Micah Paul Hinson ne doit pas dire grand chose à grand monde et pour cause, le musicien n'a jusqu'alors pas connu un succès considérable (ou du moins à la mesure de son talent) et est toujours plus ou moins resté dans l'ombre des lumières de la scène musicale internationale. Ceci expliquant cela, les choses pourraient bien changer pour ce presque trentenaire texan puisqu'en cette belle année de 2010, en plus de découvrir ce merveilleux trio d'Harlem, vous pourriez bien prendre en affection le jeune Hinson! C'est sans compter sur le soutien de la presse spécialisée (ici les Inrocks particulièrement) et de la communauté de blogs amateurs que la roue tourne pour lui et que ce nouvel album est sujet à consécration. 
Micah P. Hinson vous dites? Balayez de suite vos vagues souvenirs de la "pop-star" à deux ronds qui répondait au même doux petit nom (bien qu'orthographié différemment) et plongez vous dans un monde où la folk minimale est de sortie ainsi que les voix d'outre tombe. Car la particularité de ce jeune homme et un peu à l'instar du Tallest Man On Earth (un autre chanteur/guitariste folk mais suédois cette fois) réside dans sa voix assez déroutante les premières fois. En effet, le jeune trentenaire de Hinson a semblerait-il mué plus d'une fois et tel un feu Ian Curtis, possède une voix des plus graves qu'il put exister. Pour situer un peu, Hinson se trouve quelque part au dessus de Johnny Cash et du Eddie Vedder au ton grave en solo, un mélange étonnant entre Elvis et un Jarvis Cocker vieilli de quelques décennies. Intimistes et cafardeux, ses albums n'ont jamais vraiment inspiré la joie de vivre avec leurs chansons bourrées de mélancolie mais se révèlent très rapidement fascinants par la tristesse qu'ils inspirent.  
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Avant de nous offrir la galette ci-contre ici présente, Hinson n'a pas véritablement "chaumé" puisque le bonhomme a sorti presque un disque par an depuis 2004 (excepté en 2007 ou sans l'ombre d'un doute une vilaine grippe le cloua au lit) sans connaître le succès qui lui revient de droit. Et le fait est, que devant tous ces albums, aux pochettes plus ou moins semblables (outre son second essai: The Baby & The Satellite) l'auditeur n'est appelé qu'au respect devant un travail aussi constant (tant dans la durée que la qualité cela va de soi) là où Hinson même évolue. Kronikator aperçoit quelques décrocheurs, il reprend plus simplement: si les disques de Hinson sont de qualité égale au fil du temps et presque semblables les uns des autres cela n'empêche qu'Hinson à chacun d'eux rajoute quelques arrangements. Si l'on trouvait déjà des instuments à cordes dans le Red Empire Orchestra (de 2008), elles sont toujours de sortie aujourd'hui, avec en plus des cuivres par ci par là et toujours cet orgue très discret, caractéristique des fins d'albums de l'artiste, rappelant avec nostalgie son monument de plus de 8 minutes du premier album: The Day Texas Sank To The Bottom Of The Sea.
Alors, ces Pioneer Saboteurs, ont-il fait un bon boulot?
Après une piste instrumentale de cordes exclusivement lancé par un violoncelle auquel l'artiste n'avait pas habitué (A Call To Arms), il reprend ce qui lui appartient de droit: sa folk minimaliste guidée par sa voix sorti de l'obscurité (Take Off That Dress For Me) rappelant ainsi ne pas avoir perdu son charme des albums antérieurs. Et alors que l'on s'attend à un déluge électrique dès les premières secondes de la piste suivante (2's and 3's), celle-ci se révèle puissante par ses choeurs et son air musical natif indien (tout comme The Striking Before The Storm d'ailleurs). Les Seven Horses et My God, My God peuvent rappeler un certain Loner de Neil Young (ballade menée accompagnée d'un violon) alors que This Cross that Stole This Heart Away évoque la tristesse pure via une mélodie et une ambiance très sombre. The Letter At Twin Wrecks reprend elle le thème d'introduction de l'album sur une belle balade et les Watchers un morceau qui dégénère complétement électrique, tant attendu depusi la troisième piste! Mais la véritable surprise se trouve au fin fond de l'album après The Hero Will Never Sang qui remonte son orgue des vieux jours, quand She's Building Castles In Her Heart réinstalle avec les mêmes pièces les éléments qui faisaient toute la magie du Day Texas Sank. Et tel un feu qui se ravive, Hinson fait renaître la flamme de nos coeurs dans une explosion lumineuse et éclatante de cordes et de mélodie dont seul lui a le secret, avant que tout ne retombe dans un univers dévasté (The Returning) où un dernier élan de mélodie annonce un éternel retour nietzschéen.   
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Plus que des mots, Hinson s'écoute. Le décrire est dérisoire car l'ambiance qui réside dans chacun de ses disques est indescriptible. Un tout terriblement intimiste, sincère, épuré, simple et éloquant où l'on croirait qu'il nous offre un concert funeste à nous seul, où chacun trouve son compte en beauté lyrique et musicale. Chapeau bas.
Kronikator 

Publié dans Ce qui s'écoute

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